Deux lauréates : Françoise Hildesheimer, conservateur général honoraire du patrimoine aux Archives nationales, et Monique Morgat-Bonnet, ingénieur honoraire au CNRS, pour leur ouvrage intitulé Le Parlement de Paris. Histoire d’un grand corps de l’Etat monarchique, XIII-XVIIIe s, Paris, H. Champion, 2019, 830p.
Si aujourd’hui le nom de « Parlement » désigne nos assemblées délibérantes, il n’en a pas toujours été ainsi : au Moyen Âge et durant l’Ancien Régime, ce terme s’est attaché à la plus haute Cour de justice du royaume de France, le Parlement de Paris. D’abord « partie du corps du roi », puis Grand corps de l’État, il a exercé au nom du roi la justice souveraine avec une compétence universelle, le plus souvent en appel, mais aussi en première instance. Sa fonction judiciaire a été primordiale, car il était l’instrument de la souveraineté royale et représentait le roi qui était avant toute chose en charge de la justice et de la paix. Mais, issu de la Curia regis, ce Parlement a gardé de ses origines d’autres attributions, de nature plus politique, tant dans le domaine législatif, administratif, économique et social, car il a été le conseil du roi et l’est resté même quand le souverain s’est doté d’un Conseil de gouvernement. Qualifié par le roi médiéval de fontaine de justice, d’image de la majesté royale, représentant l’honneur et la personne du roi, ce grand corps de l’État nous a laissé une oeuvre judiciaire immense, cinq siècles et demi de jurisprudence engrangée par les greffiers de la Cour, une documentation originale d’archives sur laquelle se fonde le présent ouvrage.
À une époque qui ne connaissait ni la distinction des pouvoirs, ni la séparation de la justice civile, criminelle, et administrative, où seule existait une justice de droit commun pour tous, le roi, l’État et les particuliers, le Parlement a été, tout au long de son histoire, non seulement une autorité politique, mais aussi la Cour suprême régulatrice de la jurisprudence et du droit qu’il a contribué à créer.
Une mention spéciale a été attribuée à Thibault de Ravel d’Esclapon, maître de conférences à la faculté de droit de l’université de Strasbourg, pour son ouvrage intitulé Désiré Dalloz. Vivre le droit, Dalloz, 2019, 350p.
Aujourd’hui, Dalloz accompagne l’homme de loi. Il est le compagnon indispensable des juristes mais Dalloz, c’est avant tout un prénom : Désiré. Désiré Dalloz a vécu le droit et a fait de sa passion le principe de sa vie. Il a laissé une oeuvre de son vivant et transmis une postérité incroyable. En tous points, sa vie est exceptionnelle. Sa biographie s’imposait et elle n’en finit pas de surprendre…
Désiré Dalloz est à l’origine d’une œuvre éditoriale impressionnante, à la hauteur de la passion qu’il voue pour le droit. Il sélectionne, analyse et commente des milliers de décisions, en offrant, avec la célèbre Jurisprudence Générale du Royaume, une incomparable mise en mots du droit dont se serviront des générations de juristes. La vie du jurisconsulte révèle un homme de son temps, au parcours fascinant, dans un Paris en pleine ébullition. De son Jura natal aux dorures de la Cour de cassation et du Palais Bourbon, Désiré Dalloz a pleinement vécu son époque, tout le long de la Restauration et de la monarchie de Juillet.
Avocat à la Cour royale, puis à la Cour de cassation, il est également devenu député du Jura, sans jamais cesser de s’occuper de la publication de son recueil. Cette œuvre est le principe de sa vie. Elle nourrit sa passion qu’il éprouve avec un sens remarquable de l’absolu. Désiré Dalloz a plaidé, pratiqué, commenté, analysé et élaboré le droit. En somme, pour vivre sa passion, il a vécu le droit.