Prix Malesherbe 2017

Deux lauréates ex-aequo :

Claire Zalc, directrice de recherche au CNRS, pour son ouvrage intitulé

Dénaturalisés. Les retraits de nationalité sous Vichy, Paris, Seuil, 2016, 400p.

« La France aux Français » : ce fut l’une des premières mesures mises en œuvre par le gouvernement de Vichy avec la loi du 22 juillet 1940, qui prévoyait de réviser la naturalisation de tous les Français naturalisés depuis 1927. Plusieurs centaines de milliers de personnes,1 million peut-être, étaient visées et, même s’ils n’étaient pas cités dans le texte de la loi, les Juifs en premier lieu.

À partir d’une étude d’une ampleur inédite dans les archives, Claire Zalc livre une puissante analyse des effets de cette loi, depuis son application par les magistrats de la commission de révision des naturalisations, les préfets, et les maires jusqu’à ses conséquences pour ceux qui l’ont subie et se sont vus retirer la nationalité française. Au ras de la pratique administrative, elle établit comment se dessinent les visages des « mauvais Français », et comment ceux-ci ont tenté de protester contre l’arbitraire. Elle apporte une nouvelle pièce aux débats historiographiques sur l’antisémitisme de Vichy et son autonomie vis-à-vis des pressions allemandes, mais aussi sur la continuité des pratiques et personnels entre la IIIe République, Vichy et la IVe République.

Anne-Emmanuelle Demartini, professeure d’histoire contemporaine à l’université Paris 13, pour son ouvrage intitulé :

Violette Nozière, la fleur du mal. Une histoire des années trente, Paris, Champ Vallon, 2017.

Un soir d’été de l’année 1933, à Paris, une famille ordinaire bascule dans le drame : Violette Nozière, âgée de 18 ans, empoisonne ses parents et entre, avec son col de fourrure noire et son béret incliné, dans l’histoire des grandes affaires criminelles. Lorsqu’elle passe aux aveux, la jeune fille accuse son père de relations incestueuses. Parricide, inceste, poison : le fait divers sensationnel, modelé par les médias du temps, a tout d’une tragédie moderne. L’enquête tient en haleine une opinion que ce crime hors-norme promène dans le logis ouvrier, sur les trottoirs de la capitale, parmi les femmes vénéneuses et les parents indignes, les étudiants corrompus, les « métèques » et les élites « pourries ». L’affaire interroge les relations entre pères et filles, entre parents et enfants, entre hommes et femmes. Violette devient la « fleur du mal », sombre icône de l’émancipation féminine et du conflit de générations dans une France en crise. Elle est condamnée à mort avant d’être graciée et finalement réhabilitée. Explorant les représentations, les passions et les questions soulevées par le crime, retraçant l’itinéraire exceptionnel d’une femme, ce livre offre une lecture entièrement neuve d’un crime resté célèbre. Surtout, il propose une manière de faire de l’histoire avec une affaire judiciaire. Forme d’histoire totale consistant à étudier de façon approfondie un petit objet et à le déplier dans toutes ses dimensions pour lire une société, la micro-histoire révèle ici, avec une efficacité inédite, l’imaginaire social et ses dynamiques.

Mention spéciale :

à Victoria Vanneau  pour

Histoire des violences conjugales, XIXe-XXIe siècles, Broché, Paris, Anamosa, 2016.

 
 

 

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