Deux lauréats ex-aequo :
Louis DEVANCE, Entre les mains de l’injustice. L’affaire Vaux et Petit (1851-1897), Dijon, Presses universitaires de Dijon, 2000, 489 p.
L’ Autre scandale judiciaire du XIXe siècle. L’affaire, restée vivante dans la mémoire régionale, est sortie de la mémoire nationale, faute sans doute qu’aucun nom célèbre sur la scène politique et culturelle ne s’y fût attaché. Tragédie vécue par deux hommes, […] victimes d’un règlement de compte politique au lendemain du coup d’État du Deux décembre. […] L’erreur judiciaire est couverte par un crime judiciaire. Vaux et Petit finirent leur vie en Guyane. Cette enquête historique […], illustre les dangers d’une justice soumise au pouvoir politique et apporte des éclairages de source directe sur les travaux et les jours d’une communauté paysanne au milieu du XIXe siècle ainsi que sur la vie obscure des hommes «infâmes» jetés dans l’archipel du bagne.
Sylvie Thénault, Une drôle de justice. Les magistrats pendant la guerre d’Algérie, Paris : La Découverte, 2001, Coll. L’espace de l’histoire, 348p.
De 1954 à 1962, au nom de la lutte contre la « subversion » du FLN, au nom du rattachement de l’Algérie à la France qui interdisait d’y appliquer le droit de la guerre et de considérer les nationalistes comme des combattants, la justice et son personnel prirent une part active à la guerre d’Algérie : instruction des affaires, condamnations par milliers infligées par les tribunaux correctionnels et militaires, rappel de magistrats sous les drapeaux, etc. Les seules condamnations à mort atteignirent les 1 500, dont près de 200 furent exécutées. Dans ce livre passionnant et très documenté, Sylvie Thénault montre que cette insertion de la justice dans un vaste système de répression la priva de fait de son droit de regard sur les arrestations, les gardes à vue, les détentions et les interrogatoires pratiqués par l’armée. S’appuyant sur des archives jusque-là inaccessibles de l’Armée de terre – instructions, directives, fiches de renseignements, etc. – et du ministère de la Justice, notamment la correspondance entre les procureurs généraux d’Algérie et la Chancellerie parisienne, elle met au jour une justice amputée et réformée par les législations d’exception. Une « drôle de justice », à l’image de la « drôle de guerre », cette guerre qui n’en était pas vraiment une.