Sous la direction de Basile Ader, Sylvie Humbert, Hervé Leuwers et Denis Salas, Histoire de la justice, n°34, Paris, AFHJ/La Documentation française, 2023, 246p.
Préface de Robert Badinter
Bien long fut le chemin vers l’abolition de la peine de mort en France. Comment expliquer ce paradoxe au pays des Lumières ? Certes, le combat fut mené au XVIIIe siècle d’abord par les philosophes Cesare Beccaria et Voltaire, puis par Victor Hugo au XIXe siècle avec des arguments humanistes autant qu’utilitaristes. Mais l’abolition intervient par la volonté politique d’un homme, François Mitterrand, qui, peu après son entrée à l’Élysée en 1981, demande à son garde des Sceaux, l’avocat Robert Badinter abolitionniste convaincu depuis l’affaire Buffet/Bontems, de préparer un projet de loi abolissant la peine de mort. Quelques mois plus tard, la loi du 9 octobre 1981 mettait enfin un terme à un débat de plusieurs siècles sur l’efficacité, la nécessité, l’utilité, la moralité ou la légitimité de la peine capitale.
Depuis l’Antiquité, en effet, la mémoire du crime, du droit et de la justice est imprégnée des scènes où l’exécution des condamnés fait écho à une société vengeresse le plus souvent.
Riche de l’éclairage d’historiens, de juristes, d’avocats, de juges, de philosophes, mais aussi de témoignages, cet ouvrage collectif rappelle que les termes du débat sur la peine capitale ont évolué au gré des enjeux politiques, des transformations des sensibilités et des changements de conception des droits de l’homme.
En cela, l’abolition de 1981 peut s’inscrire dans une généalogie qui, à partir des Lumières, a suscité nombre de débats parlementaires et plus encore de débats publics, au fil des faits divers et des grands procès évoqués par cet ouvrage qui ont jalonné l’histoire judiciaire française.
Enfin sont analysées l’attente d’une abolition universelle de la peine de mort et la place de la peine capitale aux États-Unis et au Moyen-Orient.