Hommage à Monsieur Pierre Truche (1929-2020)

Premier président honoraire de la Cour de cassation, Président d’honneur de l’AFHJ.

Lundi 28 septembre 2020, en Grand’chambre de la Cour de cassation, à compter de 17h.

Pour des raisons techniques, la retransmission en direct de cet hommage n’a pu avoir lieu, mais vous pouvez découvrir grâce au lien ci-dessous les discours prononcés par :

Mme Chantal Arens, Première présidente de la Cour de cassation.

M. François Molins, Procureur général près la Cour de cassation.

https://www.courdecassation.fr/toutes-les-actualites/2021/04/20/hommage-pierre-truche-1929-2020

© Lyon mag

Le nom de Pierre Truche restera associé au procès de Klaus Barbie. Les 29 et 30 juillet 1987, dans la salle des pas perdus du palais de justice de Lyon, après un réquisitoire de six heures, il avait eu ces mots : «  Le temps n’a pas joué le rôle d’oubli. Ni individuellement ni collectivement. Les mères pleurent toujours leurs enfants. Certains déportés sont venus vous dire qu’ils ne dormaient plus depuis quarante ans. La sanction doit être utile, car il faut que l’on comprenne la notion de crime contre l’humanité et qu’elle entre dans notre civilisation ».

Au cours d’une longue carrière au parquet, Pierre Truche fut procureur général près la cour d’appel de Lyon, puis près la Cour de cassation (1987), avant de devenir Premier président de cette même Cour en 1996. S’il choisit cette ultime fonction au siège, c’est qu’il voit dans le procureur avant tout un magistrat. Ne voulait-il pas intituler son livre Juger, être jugé (2001) tout simplement Magistrat ? L’essentiel, pour lui, est d’agir en toutes circonstances selon ce qui convient au « bien de la justice », expression qu’il affectionnait tout particulièrement.

La réflexion sur l’œuvre de justice l’a toujours animé. Président de la Commission de réflexion sur la justice (1997) puis de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (1999) et de la Commission nationale de déontologie de la sécurité  (2001-2006), il a conféré à ces institutions son autorité morale et suggéré nombre de réformes. Comme président, à la suite de Robert Badinter, de l’Association française pour l’histoire de la justice (1998-2015), il a toujours guidé nos activités avec le souci permanent de souligner la part du magistrat dans l’histoire de la justice.

Pierre Truche était Grand-Croix de la Légion d’honneur.

Dans un communiqué, Madame Nicole Belloubet, garde des Sceaux, ministre de la Justice, a tenu à rendre hommage à l’homme qui, « par ses discours et ses interventions, a marqué des générations de magistrats », Pour notre part, nous voudrions souligner l’homme de culture, l’ami des peintres et des cinéastes, mais aussi l’historien (auteur de l’Anarchiste et son juge, 1994). Il fut pour, nous durant ces années, l’humble compagnon de nos travaux, sans cesse en dialogue avec les universitaires qui ont croisé notre chemin.

Loin de l’image qu’on se fait d’un avocat général, il a souvent plaidé en faveur de la non-violence et de la médiation. Aspirant à une justice à la hauteur des défis de l’histoire et du présent, il pensait qu’un humanisme sobre devait guider les actes et paroles du magistrat. Les aphorismes qui concluent ses ouvrages comme son tout dernier recueil de poèmes brefs Traces (novembre 2019) en sont le témoignage. Dans un « sonnet testamentaire » qu’il nous avait confié en janvier dernier, on peut lire ces vers :

« Partir partir disparaître

Ici ne plus jamais être

Ciel et mer sans couleurs

Temps sans minutes ni heure…

Ce n’est que sur terre en soi

Que l’on doit trouver sa voie »

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